La bénédiction des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe

Introduction

La récente déclaration du Vatican Fiducia supplicans a clarifié la possibilité pour l'Église catholique de bénir, sous certaines conditions, les couples dits "irréguliers" (non mariés, divorcés-remariés) ainsi que les couples de même sexe. Cependant, elle laisse une question en suspens : ces bénédictions doivent-elles être données aux conjoints ensemble ou individuellement ? Examinons ce que dit et ne dit pas le texte à ce sujet.

I. Principe de prudence pastorale
La déclaration insiste d'abord sur le fait que ces bénédictions ne peuvent en aucun cas être considérées comme un sacrement ou même un rite liturgique. Elles relèvent d'une démarche personnelle de confiance en Dieu.

De plus, elle appelle à une grande prudence pastorale dans leur mise en œuvre : "pour éviter de graves formes de scandale ou de confusion parmi les fidèles, le ministre ordonné s'associe aux prières des personnes". L'objectif premier est d'éviter tout amalgame avec le sacrement du mariage.

Cette préoccupation explique qu'aucune procédure ou rituel précis ne soit proposé ou recommandé. Tout est laissé à l'appréciation au cas par cas du prêtre.

II. Des exemples de bénédictions individuelles
Certaines formulations du texte suggèrent que la bénédiction pouvant être donnée concerne chaque individu séparément plutôt que le couple conjoint.

Ainsi, lorsqu'est évoquée la possibilité de bénir "les personnes qui, bien que vivant une union qui ne peut en aucun cas être comparée au mariage, désirent se confier au Seigneur", le pluriel renvoie à des individus.

De même, dans les exemples cités de bénédictions déjà existantes qui peuvent servir de modèle (personnes âgées, malades, etc.), la bénédiction concerne manifestement chaque personne à titre individuel.

III. Mais absence d'exclusion explicite du couple
Pour autant, à aucun moment le document n'exclut expressément la possibilité de bénir conjointement les deux membres du couple. S'il insiste sur le caractère pastoral et personnel de la démarche, nulle part n'est précisé que cela doive absolument se faire séparément.

Plusieurs formulations laissent même penser que les deux options sont envisageables :

"Lorsque la prière de bénédiction [...] est demandée par un couple en situation irrégulière".
"lorsque la bénédiction est demandée par un couple de même sexe".
" Pour éviter toute forme de confusion [...], cette bénédiction ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d'union". Ce qui sous-entend qu'elle pourrait l'être en dehors de ce cas précis.

Conclusion
En définitive, si la prudence recommandée penche sans doute pour une bénédiction de chaque membre du couple séparément, la déclaration Fiducia supplicans n'exclut pas formellement la possibilité de bénir conjointement deux personnes vivant en couple, qu'il soit hétérosexuel ou homosexuel.

Tout dépendra donc du discernement au cas par cas du prêtre ou du ministre du culte. Mais dans tous les cas, le texte insiste sur la nécessité d'éviter la confusion avec le sacrement du mariage. Une évolution prudente, qui suscitera à n'en pas douter des interprétations divergentes au sein même de l'Église catholique.