Se préserver avant le mariage: sens et combat spirituel
La préservation sexuelle avant le mariage fait partie de la tradition chrétienne, même si cette exigence semble bien datée à beaucoup. Pourtant, à l'heure où le sexe s'affiche partout, cette parole de sobriété retrouve une forte résonance. Loin d’être une camisole, elle ouvre un chemin de maturité personnelle et de communion plus vraie.
Une invitation intempestive?Dans une société hypersexuée, l'idée même de continence avant le mariage semble saugrenue, surtout aux yeux de la nouvelle génération. La majorité des jeunes couples qui se présentent à la préparation au mariage ont déjà entamé leur vie sexuelle depuis longtemps.
D'où le malaise ou l'incrédulité de certains quand des mouvements chrétiens évoquent encore cet idéal de préservation de soi. Au mieux, ils y voient un modèle du passé tombé en désuétude aujourd’hui. Pire, ils soupçonnent derrière cela un interdit moralisateur visant à culpabiliser les consciences.
Pourtant, paradoxalement, cette parole a toujours un sens dans notre monde usé par la pornographie et les aventures sans lendemain. Mieux, elle peut être reçue comme une promesse de bonheur. À condition d'être réinscrite dans une dynamique positive d’accomplissement personnel plutôt que dans une logique interdictive.
Retrouver le sens de son corpsLa proposition de vivre la chasteté consiste d'abord à retrouver une saine estime de son propre corps. Dans une civilisation où la marchandisation du sexe s'étale partout, où les jeunes filles complexées rivalisent de maquillage et où la pornographie abêtit les garçons, cela fait sens.
Redécouvrir la beauté de son corps créé par Dieu et habité par son Esprit, c'est renouer avec sa propre dignité de personne. C'est aussi entrer dans une dynamique positive de don, où l'autre n'est plus considéré comme un objet de plaisir mais comme un sujet à respecter.
C'est enfin reconnaître que toute rencontre physique engage bien plus qu’une réponse physiologique : elle met en jeu tout un monde intérieur qu’il importe de mûrir et d’unifier. D’où l’importance d’une saine intégration entre sexualité et affectivité avant de s’engager.
Un combat spirituelS'engager à vivre dans la chasteté quand tout autour pousse au contraire n'a rien d'évident! Cela demande une réelle maturation humaine et spirituelle pour tenir dans la durée face aux tentations et aux moqueries. Ce n'est pas un interdit tombé du ciel, c’est un choix pleinement assumé. Un choix qui s’enracine dans une relation personnelle au Christ.
Car c’est bien Lui le premier amour, celui qui comble le cœur au-delà de toute attente et donne la force dans les moments difficiles. À l’exemple de nombreux saints, le célibat consacré puise sa vigueur à cette source vive. De même pour les fiancés et jeunes mariés : Quand Dieu est au centre, la chasteté devient possible .
Pour autant, ce n’est pas un chemin solitaire : le soutien de la communauté chrétienne, les sacrements, l’accompagnement, la prière des uns pour les autres... tous ces "outils" spirituels sont précieux sur ce sentier exigeant qu'est la maîtrise de soi.
Un acte libre et responsableDécider de vivre dans la chasteté, ce n’est donc pas plier sous une règle moralisatrice, c’est poser un acte pleinement libre et responsable. En toute conscience de la difficulté certes, mais aussi de la promesse que cela recèle.
Cet engagement procède d’une conviction profonde : loin d’appauvrir ou de frustrer notre soif de bonheur, la tempérance sexuelle la prend au sérieux. Elle reconnaît que l’amour vrai ne s’improvise pas et demande apprentissage. D'où l'importance de baliser le chemin qui mène au don total de soi et à l'accueil de la vie.
La chasteté est ainsi une pédagogie du désir qui loin d’étouffer ce dernier, l’aiguise au contraire. Une façon de vivre l’attente et de goûter la joie de l’autre comme un cadeau toujours nouveau. Bien loin des habitudes et de la fatigue qui guettent souvent les couples précoces!
Une contre-culture prophétiqueAssumée dans une telle dynamique de croissance, la chasteté a clairement quelque chose de prophétique à dire au monde d’aujourd’hui. Face à la banalisation du sexe, elle rappelle que chaque personne est unique et mérite d’être traitée avec respect.
À l’heure de Tinder et des sites de rencontre, elle fait signe vers un tout autre visage de l’amour : fait de patience, de dialogue et de don. Visage qui loin d’être réservé aux cathos traditionalistes, concerne quiconque rêve encore au fond de soi du grand amour.
Cette espérance-là, les couples qui témoignent d’une relation épanouie construite dans le respect et la confiance mutuelle la rendent crédible. Ils prouvent par leur vie qu’un autre modèle de sexualité est possible, où le plaisir et la tendresse entre deux ne sont pas dissociables de l’engagement réciproque. Voilà qui redonne courage et perspective !