Les trois messes de Noël : symboles des trois avènements du Christ

Noël est sans conteste la fête la plus populaire et la plus attendue des chrétiens. Mais au-delà des décorations scintillantes, de la crèche et des chants traditionnels, le sens profond de Noël repose sur le grand mystère de l’Incarnation : le Fils de Dieu fait homme en Jésus-Christ.

Lors de cette nuit miraculeuse à Bethléem, il y a plus de 2000 ans, le Verbe divin est descendu du Ciel pour revêtir notre humanité. C’est le premier avènement du Christ sur terre. Mais ce mystère recèle une triple dimension, symbolisée par les trois messes célébrées par l’Église lors de la fête de Noël.

I. La messe de la nuit : la venue historique du Christ

La messe de minuit, ou messe de la nuit, commémore avant tout la naissance temporelle de Jésus à Bethléem. Les textes liturgiques relatent en détail cet événement fondateur, où le Tout-Puissant apparut dans la fragilité d’un nouveau-né emmailloté de langes et couché dans une mangeoire.

Cette venue historique du Fils de Dieu marque le début de son incarnation pour le salut des hommes. Comme le dit l’évangile de cette messe : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur » (Luc 2, 11). La messe de la nuit est donc centrée sur la portée salvifique de Noël pour l’humanité déchue.

La tradition veut que cette messe soit célébrée de nuit, même s’il est possible de l’avancer en soirée. Cela rappelle que le Christ est « la lumière qui luit dans les ténèbres » (Jn 1,5), illuminant le monde plongé dans l’obscurité du péché.

II. La messe de l’aurore : la venue spirituelle du Christ dans les âmes

Après la messe de minuit vient habituellement la messe de l’aurore ou messe du jour naissant. Comme son nom l’indique, elle est célébrée aux premières lueurs du jour, au moment où la lumière triomphe encore des ténèbres.

Cette seconde messe évoque la nativité spirituelle du Christ dans les âmes. De même que le soleil dissipe peu à peu l’obscurité de la nuit, la grâce du Sauveur vient illuminer les cœurs des hommes. Saint Augustin disait d’ailleurs : « Il a voulu naître de nuit pour nous signifier qu’avant sa venue le monde était plongé dans les ténèbres et l’obscurité du péché ; il a voulu aussi que le jour commence à poindre à l’heure de sa naissance ; car il est venu dissiper les ténèbres et nous inonder de la clarté de sa grâce » (6e sermon pour Noël).

Ainsi, si le Christ s’est incarné à Noël en un lieu et un temps précis, l’essentiel est qu’il naisse spirituellement en nous et transfigure notre existence par sa grâce. Comme le dit saint Paul, « ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20).

III. La messe du jour : la venue éternelle du Verbe divin

Enfin, le troisième avènement du Christ est célébré dans la messe du jour, dite aussi « grand-messe » de Noël. Les textes liturgiques orientent ici vers le mystère de l’éternelle génération du Fils dans le sein du Père.

Alors que les deux premières messes insistaient sur l’Incarnation dans le temps, la messe du jour contemple le Christ dans sa dimension divine, telle qu’elle est relatée dans le fameux prologue de l’évangile selon saint Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous » (Jn 1, 14).

En ce sens, Noël commémore la « naissance éternelle » de Jésus, engendré de toute éternité par le Père. Comme le professent les chrétiens depuis les premiers symboles de foi, Jésus-Christ est « Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». C’est ce mystère insondable de la filiation éternelle du Verbe que médite la messe du jour de Noël.

La triple portée du mystère de Noël

Ces trois messes résument donc les trois dimensions fondamentales du mystère de Noël. La nativité historique à Bethléem ; la nativité mystique dans les âmes par la grâce ; la nativité éternelle dans le sein du Père : telles sont les trois « venues » du Christ célébrées liturgiquement par l’Église.

Ces trois avènements forment un tout indissociable. Comprendre Noël, c’est saisir le lien entre ces trois plans qui convergent dans le mystère de l’Incarnation rédemptrice :

Le Fils éternel de Dieu s’est incarné dans le temps ;
Ce Fils incarné vient renaître par grâce dans nos âmes ;
Afin que nous puissions renaître nous-mêmes de toute éternité à la vie divine du Père.
C’est ce dessein salvifique, à la fois historique, mystique et eschatologique, que les trois messes de la Nativité mettent en lumière. Puissent-elles nous aider à mieux accueillir dans la foi le grand don que Dieu nous fait en son Fils bien-aimé, en ce jour béni de Noël !

Conclusion

Au-delà des aspects culturels et festifs qui marquent aujourd’hui les célébrations de Noël, le chrétien est appelé à redécouvrir la portée spirituelle de cet événement fondateur. Les trois messes traditionnelles rappellent que Noël est d’abord le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu pour nous sauver du péché et nous diviniser par la grâce. Puisse le recueillement dans la prière et la méditation de la Parole nous aider à mieux accueillir ce don d’en-haut ! Car c’est bien le Christ lui-même qui vient à nous et frappe à la porte de nos vies, pour naître et renaître sans cesse dans le secret de nos cœurs.