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| Sujet: Comprendre la théologie catholique à travers la Passion et la Résurrection du Christ Sam 30 Déc 2023 - 14:26 | |
| Comprendre la théologie catholique à travers la Passion et la Résurrection du Christ La période allant de la Cène à la Pentecôte est cruciale pour saisir le message du Christ et les fondements de la théologie catholique. En effet, c’est au cours de ces événements, de la Dernière Cène à l'effusion de l'Esprit Saint, que les disciples du Christ sont amenés à une compréhension plus profonde de sa personne et de son enseignement.
Introduction Malgré leur foi et leur engagement à suivre Jésus, les disciples peinent à comprendre la portée de sa mission. Il leur faudra traverser avec lui les épreuves de la Passion, le voir mourir sur la croix, puis le redécouvrir ressuscité, avant que la lumière se fasse en eux. C’est ce processus de maturation dans la foi que nous allons retracer ici, en distinguant trois temps forts :
De la Cène à la mort de Jésus : la désillusion des disciples Les apparitions pascales : sortir du désespoir La Pentecôte : l’irruption de l’Esprit Saint
A travers le regard des apôtres, témoins directs des événements, nous verrons comment se construit pas à pas la théologie chrétienne, sur le fondement de la Croix et de la Résurrection du Christ.
1. De la Cène à la mort de Jésus : la désillusion des disciples La Semaine Sainte s’ouvre par un événement fondateur : l’institution de l’Eucharistie lors de la Cène. En partageant le pain et le vin et en les identifiant à son corps livré et à son sang versé, Jésus signifie clairement à ses disciples l’imminence de sa Passion. Mais ceux-ci sont incapables de décoder le sens profond de ses paroles et de ses actes.
Cette incompréhension les conduit bientôt à l’épreuve : dès l’arrestation de Jésus au Jardin des oliviers, ils s’enfuient et l’abandonnent « tous » à son sort. Pire, Pierre, qui avait juré de donner sa vie pour lui, va jusqu’à le renier trois fois dans la nuit.
Comment expliquer un revirement aussi radical de la part de ceux qui avaient tout quitté pour suivre Jésus ? En réalité, malgré leur foi en lui, les disciples projetaient sur le Christ des attentes très terrestres: ils voyaient en lui un libérateur politique qui rétablirait la gloire d’Israël. Dès lors que s’effondre cette espérance illusoire, c’est tout leur monde intérieur qui s’écroule avec elle.
« On avait espéré qu’il serait celui qui délivrerait Israël » disent-ils sur le chemin d’Emmaüs.
La mise à mort ignominieuse de Jésus les plonge dans une nuit spirituelle profonde. Même si au fond d’eux la flamme vacille encore, ils sont envahis par le désespoir. En apparence, « tout est perdu ».
2. Les apparitions pascales : sortir du désespoir C’est alors que surviennent les apparitions du Ressuscité. Pour arracher ses disciples à l’abattement, Jésus use d’une pédagogie très progressive : Luc raconte comment il commença « par Moïse et tous les prophètes » à leur expliquer dans les Écritures « tout ce qui le concernait ».
La foi renaît peu à peu en eux : les disciples d’Emmaüs le reconnaissent « à la fraction du pain », et leur cœur « brûle » au-dedans d’eux. Mais malgré ces « mini-Pentecôtes », l’ensemble des disciples demeure encore hésitant : « ils croyaient voir un esprit », note l’évangéliste.
Thomas ira jusqu’à exiger de toucher les plaies du Ressuscité pour sortir de son incrédulité... D’où la nécessité pour Jésus de se manifester pendant 40 jours à ses apôtres avant de les quitter. Le temps du deuil arrive à son terme.
3. La Pentecôte : l’irruption de l’Esprit Saint Cependant, une dernière étape reste à franchir pour que les disciples accèdent pleinement à la foi pascale. Elle prendra la forme d’un événement fondateur : la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte.
Rassemblés avec Marie dans le Cénacle, « ils furent tous remplis d’Esprit Saint » : la Parole de Jésus s’accomplit, l’Esprit vient poursuivre son œuvre au cœur des croyants. Dès lors, plus rien ne sera comme avant pour les apôtres.
Leur intelligence s’ouvre, leur bouche se délie : désormais, ils comprennent le dessein salvifique de Dieu manifesté en Jésus, sa Passion et sa Résurrection. Et c’est cette Bonne Nouvelle qu’ils se mettent aussitôt à proclamer, au risque du martyre : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu », déclare Pierre devant le Sanhédrin.
La Pentecôte marque la naissance de l’Église : sous la motion de l’Esprit, c’est toute la vie trinitaire qui est communiquée aux croyants. Désormais enracinés dans la foi pascale, ils peuvent à leur tour participer à la mission du Christ et porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.
4.En quoi ces étapes sont-elles fondatrices de la théologie catholique ? Ces trois moments (Passion, Résurrection, Pentecôte) sont structurants pour la théologie chrétienne, car ils manifestent le cœur du mystère pascal et de la foi trinitaire.
A travers eux, plusieurs dimensions essentielles de la Révélation sont mises en lumière :
.La vérité sur la personne de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, qui donne volontairement sa vie pour notre salut avant d’être constitué Seigneur par sa Résurrection. .La signification profonde de l’Eucharistie, commémoration de sa mort et de sa résurrection, présence réelle de son corps livré et de son sang versé. .La nécessité d’une adhésion libre et consciente à la foi, qui mûrit au rythme des résistances intérieures vaincues avec l’aide la grâce. .L’identité de l’Esprit Saint comme « autre Paraclet », envoyé par le Père et le Fils pour nous conduire à la vérité tout entière. En ce sens, on peut dire que toute la doctrine chrétienne procède du mystère pascal comme d’une source féconde, constamment approfondie mais jamais dépassée. C’est pourquoi la théologie catholique ne cesse de méditer et contempler ce mystère central de la mort et la résurrection du Christ.
« Je n’ai décidé de rien connaître parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » résume ainsi Paul dans la 1ère Épître aux Corinthiens (2,2).
Conclusion A travers les épreuves endurées par les disciples entre la Cène et la Pentecôte se révèlent les linéaments de la théologie catholique. De la désillusion initiale à la joie pascale, un cheminement s’accomplit qui les conduit du désespoir à la plénitude de la foi.
Les mêmes dynamismes sont à l’œuvre au cœur de tout croyant : morts au péché avec le Christ, nous sommes sans cesse appelés à renaître à la vie nouvelle de la grâce, jusqu’à parvenir à « la maturité du Christ » (Eph.4,13). C’est l’Esprit Saint qui opère cette configuration progressive au Seigneur ressuscité, à condition que nous nous laissions transformer par Lui.
La théologie n’est donc pas seulement un savoir à acquérir, mais une sagesse à accueillir par tout notre être, dans la docilité à l’Esprit de Pentecôte. Le Christ crucifié et ressuscité nous attire à lui pour que nous vivions déjà de sa vie et que nous aimions du même amour dont Il nous a aimés. En définitive, connaître Dieu, c’est se laisser aimer par Lui et aimer à sa suite : « Viens et suis-moi ». | |
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