Le mystère et le miracle de l'Église catholique
L'Église catholique revêt un caractère à la fois mystérieux et miraculeux. Mais qu'entend-on exactement par le "mystère" et le "miracle" de l'Église ? Cet article vise à explorer ce qui fait la profondeur spirituelle de l'Église, indissociable du Christ lui-même.
Une communion vivante marquée par la charitéLe pape Benoît XVI le rappelle : l'Église est avant tout une "communion de vie". Au sein de la communauté ecclésiale circule une "tendresse de charité" qui unit les croyants entre eux et à Dieu. Chacun est appelé à sortir de son isolement pour participer à la construction de cette fraternité.
Les familles notamment ont un rôle central à jouer pour faire découvrir la joie de la communion ecclésiale. Le geste de présenter son nouveau-né aux anciens de la paroisse manifeste que l'Église rassemble toutes les générations.
L'Église crée du lien et lutte contre l'individualisme ambiant.
Le Christ et l'Église : une identité profondeComme l'exprimait sainte Jeanne d'Arc avec son bon sens paysan, "du Christ et de l'Église, il me semble que c'est tout un". En effet, il existe entre le Christ et son Église une relation organique very étroite.
L'Église est le prolongement du Christ dans l'Histoire. Elle poursuit son œuvre rédemptrice à travers l’Esprit Saint qui l'anime : l'Église est "Jésus-Christ répandu et communiqué". Répandu à travers l'univers par les missionnaires, communiqué par les sacrements qui transmettent la grâce du Christ.
Par ce lien vital avec son fondateur, l'Église en porte les marques : unité, sainteté, catholicité, apostolicité.
Le "miracle" de la diffusion du christianismeL'entrée de l'Église dans l'Histoire tient du "miracle", selon le P. Clergeon : comment douze pêcheurs galiléens ont-ils converti en quelques décennies tout le bassin méditerranéen au Christ ?
Par une force qui la dépasse, l'Église a su s'adapter aux cultures antiques pour y insérer le message évangélique. Sa capacité d'intégration prime sur l’exclusion.
Ainsi, le christianisme imprègne peu à peu toutes les sphères de la vie humaine. L'Église devient source de sainteté dans la vie privée, en faisant fleurir des modèles de vie radieuse (saints, vierges, martyrs). Mais elle christianise aussi la vie sociale en diffusant un esprit de charité qui humanise les moeurs.
Une Passion à l'image de celle du ChristLa vie de l'Église reproduit la Passion douloureuse vécue par son Seigneur, avec son lot de trahisons et de scandales. Comme le Christ a connu la souffrance avant de ressusciter dans la gloire, il faut que l’Église soit elle aussi purifiée par l'épreuve.
Cette dimension tragique de l’existence ecclésiale dérange certains croyants qui voudraient réduire la religion à un messianisme temporel. Pourtant, ignorer la part sombre de l’aventure chrétienne trahit un manque de foi dans le dessein providentiel de Dieu.
Il s’agit ici de cultiver non le désespoir stérile, mais une “sainte colère” tournée vers l’action et l’engagement fidèle.
Suivre l’exemple de Sainte VéroniqueFace aux divisions qui frappent parfois l’Église, il faut réagir à la manière de Sainte Véronique pendant la Passion. Celle-ci traverse la foule hostile pour essuyer avec un linge le visage ensanglanté de Jésus.
De même, le baptisé se doit d’essuyer avec délicatesse le visage souillé de l’Église pour lui redonner éclat et pureté. Cet acte de charité discrète exige courage et ténacité. Il s’agit de servir l’Église telle qu’elle est, sans ajouter à ses blessures par l’impatience ou le découragement.
Sauvegarder l'autorité des pasteursLa petite Jeanne d’Arc a vu juste lorsqu’elle a choisi de sacrer d’abord Charles VII roi de France avant de libérer le pays de l’occupant anglais. Elle a compris par instinct que l’autorité royale était garante de l’unité de la nation.
De même, redonner leur juste autorité aux évêques et au pape est vital pour restaurer l’unité de l’Église, aujourd’hui traversée par des forces centrifuges.
Certes, la fonction pastorale n’immunise pas contre les erreurs et les péchés. Néanmoins, comme l’affirmait Bernanos, “il vaut encore mieux un évêque pécheur qu’un évêque tiède” : le pasteur indigne reste revêtu d’un pouvoir sacré qu’il convient de respecter en tant que tel.
ConclusionLoin des illusions d’une “religion facile”, le catholique se doit de contempler lucidement le visage paradoxal de l’Église. Glorieuse et humaine, sainte et pécheresse, l’Épouse du Christ demeure un mystère qui transcende nos catégories habituelles.
Puisée aux sources vives de l’amour trinitaire, habitée par l’Esprit de Pentecôte, marquée du sceau des apôtres, l’Église n'en finit pas de se répandre à travers le monde pour communiquer aux hommes les fruits de Rédemption.
Malgré les errements de ses membres, l’Église triomphera par la force qui l’anime intérieurement. Il nous revient simplement d’œuvrer humblement à l’avènement du Règne de Dieu, sans nous décourager devant l’ampleur de la tâche.