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| Sujet: L’attente messianique dans la tradition judéo-chrétienne : Espérance de salut pour l’humanité Sam 23 Déc 2023 - 21:13 | |
| L’attente messianique dans la tradition judéo-chrétienne : Espérance de salut pour l’humanité Introduction
Depuis les origines du judaïsme, la venue d’un Messie envoyé par Dieu fait partie intégrante de la foi et de l’espérance du peuple élu. Libérateur tant attendu, figure centrale de nombreuses prophéties vétérotestamentaires, le Messie symbolise la promesse divine de salut et de délivrance, non seulement pour Israël, mais pour l’ensemble de l’humanité. L’avènement de ce “sauveur oint” signifiera en effet la réconciliation de Dieu avec les hommes, l’établissement de son règne de paix et de justice sur la terre.
Cette espérance messianique innerve la théologie judéo-chrétienne et atteint son sommet dans la personne de Jésus de Nazareth, que le christianisme reconnaît comme le Messie promis, le Christ qui vient accomplir les Écritures en offrant aux hommes le salut et la vie éternelle. Sa venue inaugure les temps messianiques et le Royaume eschatologique tant attendu depuis des siècles.
I. Les promesses vétérotestamentaires du salut messianique
Dès les premiers livres de l’Ancien Testament, Dieu révèle son dessein salvateur pour le genre humain. Après la chute d’Adam et Ève, il promet l’avènement d’une postérité qui écrasera la tête du Serpent (Gn 3,15), figure du Mal et du Péché. Plus tard, il conclut une alliance avec Abraham, lui annonçant une descendance aussi nombreuse que les étoiles, par laquelle « toutes les nations se béniront » (Gn 12,3 ; 22,18).
Cette bénédiction universelle, cette grâce offerte à tous les peuples, est au cœur de la vocation d’Israël et de l’espérance messianique. Les prophètes développent ce thème, annonçant un temps où toutes les nations « afflueront vers la montagne du Seigneur, vers le temple du Dieu de Jacob » (Is 2,2-3), où jaillira de Sion une « source rafraîchissante » qui « arrosera » les peuples (Jl 4,18).
Mais qui accomplira ces merveilles ? Qui ouvrira aux hommes les chemins du salut ? Plusieurs oracles désignent un personnage à venir, une figure mystérieuse, consacrée par l’onction divine et investie d’une mission libératrice. « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car le Seigneur m’a consacré par l’onction (...) pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la délivrance » (Is 61,1-2).
Cet “oint du Seigneur”, ou “messie” en hébreu, bénéficiera d’une effusion de l’Esprit (Is 11,2) et exercera dans la justice une souveraineté universelle (Jer 23,5). Il sera « prince de la paix » (Is 9,5), faisant régner la concorde parmi les hommes et introduisant un règne de félicité sans fin. Son avènement inaugurera une « nouvelle alliance » où la Loi sera inscrite au cœur des croyants (Jr 31,31) et le péché définitivement pardonné (Jr 31,34).
II. L’accomplissement christique des promesses messianiques
Pour les chrétiens, ces prophéties se sont réalisées en Jésus de Nazareth, le « fils de David », l’« Emmanuel » annoncé par Isaïe (Mt 1,22-23). En lui et par lui se manifeste le salut tant attendu, la rédemption d’Israël et du monde, l’avènement du Royaume prophétisé.
Dès le début de son ministère public, Jésus annonce l’accomplissement des temps messianiques et le règne imminent de Dieu (Mc 1,15). Par ses actes de puissance, il se révèle comme le libérateur tant espéré : il pardonne les péchés (Mc 2,10), guérit les infirmes (Mt 11,4-5), ressuscite les morts (Jn 11,43-44), inaugurant l’ère eschatologique de salut définitif.
Surtout, par sa Passion rédemptrice, il prend sur lui les péchés du monde (Jn 1,29), offrant sa vie en sacrifice expiatoire (Mc 14,24), source de réconciliation et de paix. Comme le Serviteur souffrant dépeint par Isaïe (Is 53), il justifie la multitude par son oblation sanglante et ouvre à tous les hommes le chemin du salut.
Sa résurrection manifeste son identité messianique et la victoire définitive de la vie sur la mort (Rm 1,4). Exalté à la droite du Père, il répand l’Esprit Saint (Ac 2,33) - don messianique par excellence – et établit l’Église comme sacrement du salut, rassemblant en un seul corps les fils de Dieu dispersés (Jn 11,52).
Ainsi s’accomplit et se déploie, dans le Christ et son Église, la longue gestation prophétique du salut universel. L’espérance théologale trouve son fondement dans cet avènement qui comble les attentes séculaires de l’humanité. « Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec lui » (2 Co 5,19) : telle est la Bonne Nouvelle, source de toute bénédiction et promesse de rédemption pour les hommes jusqu’à la fin des temps.
Conclusion
De l’Ancienne à la Nouvelle Alliance, la figure du Messie est donc absolument centrale. Elle incarne l’espérance inextinguible en un salut venu de Dieu, un triomphe final du bien sur le mal, de la vie sur la mort. Elle dit, en somme, que l’histoire des hommes a un sens, une finalité de gloire à laquelle même le péché ne peut faire obstacle.
Pour les chrétiens, cet horizon ultime a un visage, celui du Sauveur crucifié et ressuscité, qui reviendra dans la gloire pour amener l’histoire à son terme (1 Th 4,16-17). En lui déjà, par la foi et les sacrements, ils goûtent les prémices du Royaume et la joie du salut éternel. Ils marchent vers la plénitude glorieuse, soutenus par cet incomparable trésor : Jésus le Messie, « hier, aujourd’hui et pour les siècles » (He 13,8 ). | |
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