La conversion pour le rétablissement d'un christianisme authentique

La conversion religieuse, et plus particulièrement la conversion au christianisme, demeure un sujet à la fois crucial et méconnu de nos jours. Pourtant, elle fut au cœur de l'extraordinaire aventure spirituelle qui transforma en profondeur au 19ème siècle la petite paroisse de Mesnil-Saint-Loup.

Une paroisse endormie, réveillée par un jeune prêtre zélé

Lorsque l'abbé Ernest André arriva dans ce village rural de 350 âmes en 1849, la pratique religieuse y était certes habituelle, mais souvent routinière et formaliste. Le jeune curé de 23 ans aspirait cependant à beaucoup plus pour ses ouailles. Il désirait ardemment susciter en eux une foi vivante, nourrie aux sacrements et ancrée dans une authentique vie de prière.

"Il me faut, disait-il, des chrétiens tels que le baptême les a faits. Ils existent en germe, je les cultiverai et je les obtiendrai."

La conversion : une re-naissance spirituelle

L'abbé André comprit rapidement que cette transformation spirituelle de sa paroisse passerait avant tout par la conversion profonde de chaque fidèle. Mais en quoi consiste véritablement cette conversion chrétienne ?

Sortir de l'illusion spirituelle

Convertir signifie littéralement "retourner", "changer de direction". Appliquée à la vie spirituelle, la conversion désigne un changement radical dans la manière de voir, de penser et d'agir.

C'est passer des ténèbres à la lumière, de l'illusion à la vérité. Le Père Emmanuel -nom monastique de l'abbé André- décrivait ainsi l'illusion spirituelle régnant dans sa paroisse avant l'avènement de Notre-Dame de la Sainte-Espérance :

"Ici comme ailleurs, la raison humaine l'emportait sur la raison divine, c'est-à-dire sur la foi. La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ était une sublime inconnue. Toutes les vertus chrétiennes étaient méconnues et remplacées par cette vertu également facile et universelle que le monde appelle l**'honnêteté**."

Derrière les pratiques religieuses extérieures se cachait en fait un naturalisme tiède, fait d'ignorances volontaires et de compromissions avec l'esprit du monde.

Retrouver l'identité baptismale

Se convertir, c'est alors rompre avec ce naturalisme dévoyé pour renouer avec la grâce de son baptême. C'est redevenir le chrétien que l'on était appelé à être dès sa naissance spirituelle. Le Père Emmanuel voyait dans cette re-naissance l'essence même du christianisme :

"Tout le christianisme consiste à savoir et à reconnaître pratiquement ce que nous avons perdu en Adam et ce que nous avons reçu en Jésus-Christ."

En d'autres termes, il s'agit de prendre pleinement conscience du péché originel hérité d'Adam, qui nous a fait perdre la grâce, mais aussi et surtout de l'infinie miséricorde de Dieu qui nous a rendu cette grâce par le Christ.

Le rôle capital de Marie, Mère de la Sainte Espérance

Si la conversion relève avant tout de la grâce divine, le Ciel peut se servir d'instruments humains pour dispensar celle-ci. À Mesnil-Saint-Loup, ce fut indéniablement la Vierge Marie, sous le vocable de Notre-Dame de la Sainte Espérance, qui joua ce rôle de médiatrice de la grâce.

Une inspiration venue de Rome

Lors d'un pèlerinage à Rome en 1852, l'abbé André ressentit intérieurement l'ordre de demander au pape Pie IX d'accorder à la statue de la Vierge de son église le titre de Notre-Dame de la Sainte Espérance. Contre toute attente, le Saint-Père accéda à sa requête avec joie. C'était le signe que cette inspiration venait bien du Ciel !

La Vierge Marie, reine des conversions

A partir de l'instauration de cette dévotion en l'honneur de Marie, une immense puissance de conversion se déploya à Mesnil-Saint-Loup. Lors de la première fête célébrée en octobre 1852, de nombreux paroissiens s'approchèrent pour la première fois publiquement des sacrements. Et lesconversion s s’enchaînèrent au fil des années, surtout durant les mois de mai et les fêtes mariales.

"L'œuvre de Notre-Dame de la Sainte Espérance à Mesnil-Saint-Loup, c'était simplement le rétablissement du christianisme (...) parmi des hommes baptisés", témoignera le Père Emmanuel.

Le rôle décisif du Saint Esprit

S'il est une Personne divine often occultée dans la vie spirituelle, c'est bien l'Esprit Saint. Pourtant, les fruits merveilleux de conversion et de sanctification à Mesnil-Saint-Loup montrent combien son action est capitale, en lien étroit avec la Vierge Marie.

L'Esprit Saint, principe de re-naissance

Citant le prophète Ezéchiel, le Père Emmanuel aimait à dire : "L'Esprit du Seigneur va souffler sur des ossements desséchés et faire surgir un peuple nouveau." Une image forte pour signifier que le Souffle divin insufflé en nos âmes arides par le baptême peut nous faire renaître et porter des fruits de sainteté.

La crainte de Dieu, chemin de l'espérance

Le pape François l'a bien expliqué : la crainte filiale envers Dieu, loin d'être négative, nous fait espérer en son secours tout-puissant. L'Esprit Saint ouvre ainsi nos cœurs "pour que le pardon, la miséricorde, la bonté et les caresses du Père viennent jusqu'à nous."

Un message toujours actuel

Ce récit édifiant d'une paroisse transfigurée par la grâce divine garde une résonance toute particulière aujourd'hui. Dans un monde déchristianisé qui a perdu l'espérance, il nous rappelle combien la conversion est vitale. Seul un christianisme authentique ancré dans une relation personnelle avec le Christ peut transformer les cœurs et insuffler une espérance qui ne déçoit pas.

À l'exemple de Mesnil-Saint-Loup, la Vierge Marie et l'Esprit Saint demeurent au cœur de cette re-naissance spirituelle à laquelle nous sommes tous appelés. Soyons dociles à leur action, dans la confiance et l'abandon, afin de redevenir ces chrétiens que notre baptême nous destinait à être !